Le thème Poétique et théorie littéraire fédère des travaux collectifs et individuels sur des questions théoriques, en un sens strict (description et conceptualisation des formes littéraires) comme en un sens plus large (questions générales et hypothèses explicatives plus engagées), en accordant une place centrale à l’expérience de la lecture, et en envisageant la réflexion théorique elle-même comme une expérience de pensée et une expérimentation sur des textes. Ce thème est ouvert à tout type de corpus et d’objet : texte poétique, texte fictionnel (roman, théâtre, fable, conte…), texte factuel (essai, autobiographie, critique, historiographie, philosophie). Il est donc transdisciplinaire, dans un dialogue possible avec historiens, philosophes, spécialistes d’arts du spectacle, linguistes, didacticiens, etc. Ce thème est résolument transhistorique, ouvert aux modernistes comme aux spécialistes d’Ancien Régime, aux médiévistes et aux antiquisants.
Plusieurs axes pourront être développés :
Poétique, rhétorique et stylistique générales
- Problèmes du récit - « frontières du récit » (Genette, Figures II, 1969) : entre récit et argumentation (roman à thèse) ; entre récit et commentaire (réflexivité, autocommentaire) ; entre récit et poésie (« récit poétique ») ; entre récit et discours ou dialogue ; entre récit et description ;
- récit et temporalité : à la suite de P. Ricoeur et des premiers travaux de R. Baroni (La tension narrative, 2007), renouer approches sémiotiques du récit et question de la temporalité ; - récit et savoirs : usages du récit dans des savoirs autres que « littéraire » (économie, philosophie, etc.), non seulement du point de vue du storytelling, mais à l’aune des fonctions « imageantes » du récit, dans le cadre des théories des mondes fictionnels. - Théories de la fiction
- mode d’existence des êtres de fiction (narrative, dramatique, cinématographique…). Il s’agit d’établir un dialogue entre deux traditions qui le plus souvent s’ignorent : l’ontologie de la fiction (anglo-saxonne) et la poétique formaliste (française) ;
- statut des émotions que les fictions et leurs personnages peuvent susciter chez leurs lecteurs ou spectateurs, en particulier l’empathie (Raphaël Baroni, Passion et narration, 2005) ;
Questions de composition, dans la perspective ouverte par M. Charles (Composition, 2018), U. Dionne (La Voie aux chapitres, 2008), Fr. Goyet (Le Regard rhétorique, 2017). Comment décrire le montage d’énoncés dont est constitué chaque texte ? Comment rendre compte des multiples lectures qu’un texte peut susciter, selon les découpages que l’on en fait et les hiérarchisations que l’on élabore entre ces parties ? Selon quels modèles se pense et s’élabore (du côté du lecteur et de celui de l’auteur) la cohérence textuelle dans chaque genre ?
Poétiques et rhétoriques anciennes
- Histoire des poétiques et rhétoriques
- arts poétiques médiolatins (fin du XIIe siècle - début du XIIIe siècle), mis en corrélation avec l’étude des textes contemporains de langue vernaculaire (roman en vers, lyrique d’oc et d’oïl) ;
- arts poétiques vernaculaires des XIVe-XVe s. (occitan, italien, moyen français), corrélés aux pratiques de versification, aux formes lyriques, à la virtuosité poétique (dans le sillage de F. Cornillat et d’E. Doudet), aux rapports entre musique et poëterie jusqu’à la fin du Moyen âge ;
- poétiques des genres fictionnels et factuels à la Renaissance et à l’âge classique. - Usages théoriques actuels des poétiques « anciennes » Il s’agit de mesurer la valeur transhistorique des concepts des « anciennes poétiques », leur pertinence pour décrire genres, types et modes de discours à toute époque. En particulier :
- la poésie lyrique, à la lumière des théories forgées par Deschamps et Molinet ; rémanences des formes troubadouresques ou stilnovesques (sextine, sonnet, textes à contrainte) dans la littérature européenne jusqu’au XXIe siècle ;
- poétique du texte narratif (fictionnel ou factuel) en général (Antiquité – XXIe siècle) à partir des concepts élaborés dans les anciennes poétiques et les traités d’écriture de l’histoire de l’âge classique, ainsi que des pratiques de réécriture et de continuation.