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2024, 14-15 mars : "Lydie Salvayre : écrire avec" [colloque international]

Jean-Paul Engélibert Estelle Mouton-Rovira

Le colloque se tiendra à l’université Bordeaux Montaigne

jeudi 14 mars : 9h-16h45, salle H 113  /  vendredi 15 mars : 9h30-16h30, salle H 025

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Entamée en 1990 avec un premier roman remarqué, La Déclaration, l’œuvre de Lydie Salvayre s’est développée considérablement, jusqu’à compter aujourd’hui 24 livres et quantité de textes courts, articles, préfaces et entretiens. Elle marque le contemporain d’une voix singulière : traduite en vingtaine de langues, son œuvre est aussi souvent adaptée au théâtre (au moins une dizaine d’adaptations en France seulement) et suscite des commentaires universitaires depuis plus de vingt ans. Elle s’est déployée continument dans une grande diversité de formes et une importante variété thématique, tout en gardant une forte cohérence. Ses fictions sont souvent des discours adressés dans lesquels un locuteur ou une locutrice imaginaire (mais qui ressemble de plus en plus à l’autrice) se livre à une déclaration, une leçon, des conseils ou une conférence, un traité ou écrit une lettre à un ou des destinataires déterminés. Toujours, l’objet de ces adresses est polémique (ou l’objet de l’ouvrage, admiré, a été l’objet de polémiques), de sorte que l’œuvre se situe au cœur d’un conflit, qu’elle représente moins qu’elle n’y entre, n’y prenne part, ou ne le feigne, ironiquement. S’ouvre ainsi un jeu complexe d’interprétation qui ne peut ignorer les conditions d’énonciation du discours ni la violence de la parole. Mais aussi un espace de réflexion sur ce qu’est la lecture : le lecteur est impliqué par un tel dispositif qui l’oblige à interroger ses propres identifications. L’écriture de Lydie Salvayre est à la fois joueuse, colérique et distanciée. Quand ils adoptent une forme romanesque plus habituelle, ses récits mettent souvent en scène des personnages discrets, timides ou mutiques. L’enjeu en est alors de prendre la parole, c’est-à-dire de s’emparer des mots pour se dire : ce sont toujours des mises en scène de la parole qui analysent les conditions sociales auxquelles les dominés peuvent parler. 

À ces perspectives énonciatives et narratives, s’ajoutent d’autres aspects importants de l’œuvre : la question de la mémoire collective et le rapport à l’histoire, en particulier à l’Espagne et à la langue espagnole d’une autrice fille de Républicains réfugiés en France en 1939 ; la tendance autobiographique qui devient de plus en plus visible dans les dernières œuvres ; le dialogue explicite avec les  auteurs classiques ou modernes (Pascal, Descartes, Gracián, Cervantès, Bernanos…) ou d’autres artistes comme Hendrix, Picasso, Giacometti… sans compter les nombreuses œuvres contemporaines auxquelles ses œuvres peuvent faire écho en répondant à des intimations collectives ; la prise en charge d’une langue lettrée, aux accents classiques ou baroques, à la fois travaillée par ces filiations et ouverte à d’autres influences linguistiques, et qui se veut toujours « analphabète » au sens de Bergamin ; le comique, contrepoint à la colère, la forme de la satire, l’humour noir parfois, une dynamique irrévérencieuse, enfin, qui anime les discours, met à nu les logiques de pouvoir qui les traversent, et dont on pourra saisir les manifestations stylistiques. 

Organisation : 

Jean-Paul Engélibert (Jean-Paul.Engelibert@u-bordeaux-montaigne.fr)

Estelle Mouton-Rovira (estelle.mouton-rovira@u-bordeaux-montaigne.fr) 

Gérard Peylet (gerard.peylet@gmail.com).

 

Comité scientifique :

Stéphane Bikialo, Université de Poitiers

Jean-Paul Engélibert, Université Bordeaux Montaigne

Estelle Mouton-Rovira, Université Bordeaux Montaigne

Gérard Peylet, ARDUA et Université Bordeaux Montaigne

Antony Soron, ARDUA et INSPE de Paris-Sorbonne université

 

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