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2023, 6-7 avril : "Poétiques de l'incomplétude" [Colloque]

Éric BENOIT

Colloque International « Poétiques de l’incomplétude » 

Jeudi 6 et vendredi 7 avril 2023 Université Bordeaux Montaigne - Maison de la recherche – Salle des Thèses

 Unité de recherche « Plurielles » UR24142 – Centre Modernités 

Jeudi 6 avril, 8H30 

8H30 : Accueil 

9H - Introduction du Colloque : Eric BENOIT (PR, UBM) 

9H30 - Première sessio

- Katalin KOVACS (MCF-HDR, Université de Szeged) : La peinture des ruines et l’esthétique du fragmentaire dans les écrits sur l’art de Diderot 

- Jana VIJAYAKUMARAN (Docteure, Université d’Anvers) : Textes/corps inachevés : Johann Karl Wezel et la poétologie de la "non-forme" 

11H - Deuxième session 

- Patrick THERIAULT (PR, Université de Toronto) : Incomp… « late » ? La Belgique déshabillée et la question du « style tardif » Baudelaire 

- Anna OPIELA-MROZIK (MCF, Université de Varsovie) : Villiers de l’Isle-Adam sur la voie d’un Idéal (in)complet

14H – Troisième session 

- Francis HASELDEN (doctorant, Université Rennes-1) : La miniature est-elle un fragment ? Étude des Nouvelles en trois lignes de Félix Fénéon 

- Rita RIEGER (Docteure, Université de Graz) : L’oeuvre comme application et son potentiel de transformation chez Paul Valéry : des Cahiers à Poésie et pensée abstraite 

- Rym SELLAMI (Docteure, UBM) : La poétique de l’incomplétude dans L’Ombilic des limbes d’Antonin Artaud

 16H – Quatrième session 

- Shi WEN (doctorante, UBM) : L’attente dans More Pricks than Kicks de Samuel Beckett 

- Daniela TONONI (MCF, Université de Palerme) : L’informe avant l’autobiographie. Georges Perec, l’inachevé et le permanent entre écriture et souvenir 

- Aglaé BOIVIN (doctorante, Université de Montréal) : Le risque de la question : incomplétude et incertitude comme valeurs de vie dans Le Livre des questions d’Edmond Jabès 

Vendredi 7 avril, 8H30 

8H30 – Cinquième session 

- Blandine DELANOY (doctorante, UBM) : Simone Weil : l’incomplétude comme principe (dé)créateur 

- Valérie CHEVASSUS-MARCHIONNI (Docteure, Université de Lorraine) : "L'ombre interne" ou l'incomplétude comme processus créateur dans l'écriture de Marguerite Duras 

- Martine MOTARD-NOAR (PR, université de McDaniel College, Maryland) : Résistance à la finitude et méditation sur la mort dans les écrits d’Hélène Cixous 

10H30 – Sixième session 

- Numa VITTOZ (Docteur, Université de Zurich) : Yves Bonnefoy : une poétique de l’inachevable ? 

- Adrien CHIROUX (doctorant, UCLouvain) : Vers l’infini et au-delà : Le Livre de l’intranquillité de Fernando Pessoa 

- Florence CORRADO (MCF-HDR, UBM) : La poésie comme faille chez Urszula Kozioł 

14H – Septième session 

- Claire DEVITA (doctorante, Aix-Marseille Université) : La psychanalyse comme méthode d’investigation de l’incomplétude du commentaire de texte 

- Marie KONDRAT (Docteure, Université de Genève) : Imaginaire visuel et manque textuel, de Wolfgang Iser à Judith Schlanger 

15H30 – Huitième session 

- Alexandre MARTIN (UBM) : Deleuze, lecteur de Gombrowicz : l’inachèvement vital de Cosmos 

- Charles JOUGLAIN (doctorant, UBM) : L’incertitude entre tout et partie dans les romans Aleph zéro (2002) et Le principe (2015) de Jérôme Ferrari. Écrire l’incomplétude à travers les références intertextuelles et l’exofiction 

- Erika FULOP (PR, Université Toulouse2-Jean-Jaurès) : Sens sans fin : la génération automatique de textes et la question de l’écriture (Jean-Pierre Balpe) 

Organisation : Eric Benoit, Professeur de littérature française, Université Bordeaux Montaigne, Membre de l’Institut Universitaire de France (IUF), directeur du Centre Modernités dans l’UR 24142 « Plurielles » Eric.benoit@u-bordeaux-montaigne.fr

 

Colloque «Poétiques de l’incomplétude». Les 6 et 7 avril 2023.

Université Bordeaux Montaigne.

Unité de recherche Plurielles UR24142 - Centre Modernités. Eric Benoit.

   Il s’agira ici de prendre pour objet de réflexion des œuvres qui intègrent un principe d’inachèvement ou d’incomplétude dans leur définition même (par exemple sur le modèle de l’Œuvre ouverte théorisée par Umberto Eco).

            Le milieu du XVIIIe siècle peut être un point de départ chronologique, avec par exemple Tristram Shandy de Sterne et Jacques le fataliste de Diderot, œuvres achevées qui se présentent volontairement comme inachevées. Le potentiel dynamique de l’inachèvement se retrouve vers 1800 dans les Carnets de Joseph Joubert, et dans l’esthétique du fragment théorisée à Iéna par les premiers Romantiques allemands, puis dans l’esthétique de l’esquisse chère à Stendhal et à Baudelaire (qui commente le «non fini» des œuvres de Constantin Guys, «peintre de la vie moderne»). L’inachèvement du Livre mallarméen est aussi un moment clé qui permet de penser l’œuvre comme une structure non pas close mais ouverte – ce que valorisa Emmanuel Levinas dans son opposition à l’idée de système et de totalité (Totalité et infini). La dialectique de l’achevé et de l’inachevé se joue aussi entre l’écriture et la lecture : les récits inachevés de Kafka sont lus par le récepteur comme textes auxquels rien ne peut être ajouté, alors qu’inversement les micro-nouvelles des Récits sur la paume de la main de Kawabata sont des textes achevés mais dont l’extrême concision et les fins déroutantes visent à créer un effet d’incomplétude dans l’esprit du lecteur (comme la fin de certains contes de Supervielle). On pourra aussi passer par Le Roman inachevé d’Aragon, les failles de la poésie de Michaux, la parole trouée de Beckett, la pièce manquante chez Perec, le diffèrement permanent de l’écriture de Roger Laporte, la question sans réponse chez Jabès, le tropisme du fragmentaire chez Quignard, les incertitudes terminales des romans de Marie NDiaye, l’esthétique de la «part manquante» chez Christian Bobin («l’inachevé, l’incomplétude, seraient essentiels à toute perfection», dit-il)… Et l’on verra que l’incomplétude au niveau de la création se répercute en principe d’incertitude au niveau de la réception et du processus herméneutique (incomplétude du commentaire).

            On voit qu’il s’agit non pas d’œuvres qui sont inachevées par défaut ou par accident (la mort de l’auteur), mais d’œuvres qui contiennent par essence et constitutivement un principe d’incomplétude.

            Dans une perspective extra-littéraire et pluri-disciplinaire, on peut remarquer que la poétique de l’incomplétude est aussi présente dans d’autres arts comme en musique. Et ce principe d’incomplétude peut se retrouver dans des réalisations artistiques contemporaines.

            Les œuvres littéraires indiquées ci-dessus témoignent de ce fil conducteur des poétiques de l’incomplétude dans la littérature moderne (française et étrangère). Nous nous efforcerons d’en dégager les manifestations formelles (dans les œuvres narratives, dans les œuvres poétiques, au théâtre, dans le genre de l’essai, etc.), d’en théoriser le fonctionnement, d’en faire percevoir les mutations historiques au cours des trois derniers siècles (parfois en lien avec certains événements historiques), et d’en interroger les enjeux anthropologiques (par exemple en lien avec la donnée irréductible de la conscience humaine de la mortalité). Par quoi l’incomplétude est-elle formellement ou thématiquement motivée ? Est-elle valorisée comme qualité esthétique ou significative d’un manque essentiel ? Quels sont ses enjeux ontologiques, existentiels, éthiques, épistémologiques ? Quel sont ses effets sur le récepteur ? 

Colloque les 6-7 avril 2023, à l'Université Bordeaux Montaigne

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