Séminaire du CEREC, MASTER REEL, 2024-2025, 2nd semestre (janvier à avril 2025)
Jeudi 15h30-17h30
Université Bordeaux Montaigne
UR Plurielles 24142 – Langues/Littérature/Civilisations
Les représentations de la langue française et les imaginaires qui les entourent évoluent puissamment entre le XVIe et le XVIIIe siècle.
Au sein de ces imaginaires, la comparaison de la langue française à un corps et l’expression même le corps de la langue reviennent tels des leitmotive dans des écrits aussi bien théoriques que fictionnels. C’est cette analogie que nous chercherons à explorer, pour en analyser non seulement les fondements, mais surtout les enjeux explicites et sous-jacents, ainsi que son évolution à travers les siècles, tournée vers la modernité.
Quelques pistes en particulier pourront être développées :
Entée sur le biologique, très souvent comparée à un organisme vivant, la langue française est au cœur de représentations, de considérations et de distinctions qui posent toujours le problème d’une origine et d’une caractéristique de la langue entre phusis, la nature, et thesis, la culture et la convention.
Si la langue n’est pas forcément toujours allégorisée selon les sexes, on lui prête souvent des qualités ou des vices qui lui attribuent un genre. À la Renaissance, Lemaire de Belges, dans La Concorde des deux langages (1511), loue ainsi le français en exaltant son « haut cœur viril et masculin », par opposition au toscan, rejeté, du fait de sa « douceur », du côté du féminin, et cantonné aux thématiques amoureuses. Cet imaginaire sera ravivé dans la rhétorique nationaliste et italophobe qui prospère durant les guerres de religion : la langue italienne s’y trouve fréquemment assimilée à la figure du courtisan et à l’ambiguïté sexuelle.
Il arrive que la langue doive recourir à des figures pour préserver sa pudeur, notamment avec la litote, signe des tabous de langue auxquels se heurtent les femmes lorsqu’il s’agit de dévoiler leurs émotions. Se déclarer explicitement et littéralement, sans se couvrir du voile de la figure, serait au contraire jugé impudique, voire obscène. À la fin du XVIIIe siècle, Sade verse précisément dans cet obscène et l’impératif du « tout dire », jusqu’aux limites, y compris syntaxiques, de la langue.
La confrontation entre différentes incarnations de la langue ne repose pas seulement sur des divergences philosophiques et culturelles : elle reflète également les rapports de force politiques et sociaux. […]
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Élise Pavy-Guilbert, Françoise Poulet et Alice Vintenon
(Université Bordeaux Montaigne)
Alice Vintenon (Université Bordeaux Montaigne)
Claire Varin d’Ainvelle (Université Bordeaux Montaigne)
Françoise Poulet (Université Bordeaux Montaigne / IUF)
Élise Legendre (Sorbonne Université)
Daniele Maira (Universität Göttingen)
Myriam Tsimbidy (Université Bordeaux Montaigne)
Claire Badiou-Monferran (Université Sorbonne Nouvelle)
Aurélia Gaillard (Université Bordeaux Montaigne)
Gilles Magniont et Arnaud Welfringer (Université Bordeaux Montaigne)
Hélène Parent (Université de Lorraine)
Élise Pavy-Guilbert (Université Bordeaux Montaigne / IUF)