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2025, 27 nov. : « La part de l’étranger » dans les positions de jeunes chercheurs et chercheuses

Eve de Dampierre-Noiray Isabelle Poulin

17h30-19h30 / amphi de la CLEFF / Table ronde : « Positions de jeunes chercheurs » 

Marilou ACHARD, Charlotte CARAYOL, Cora HOPKINS, Cao RUNSEN, Nathalie WATTEBLE

 

Programme

17h30 CHARLOTTE CARAYOL 

« La part de l’étranger » dans le cabaret ‘judéo-politique’ d’Oscar Teller (Vienne, New York et Tel Aviv, 1927-1982)"

Doctorante en Langues et littératures étrangères, 3e année, UR Plurielles, équipe CIRAMEC (Centre d’information et de recherche sur l’Allemagne moderne et contemporaine)

Thèse en cours : « Die Arche » : le cabaret judéo-politique entre Vienne et New-York

 

17h45 MARILOU ACHARD 

« L’étranger comme ressource : traduire et négocier l’orthodoxie russe en France »

Doctorante contractuelle en géographie, EDMH, 2e année, laboratoire Passages 

Thèse en cours : Lieux de culte orthodoxes et diasporisation de l’émigration russe en France

 

18h NATHALIE WATTEBLE 

« Bi Xiushao, traducteur chinois, révolutionnaire et anarchiste, d’Émile Zola »
Doctorante en Langues et littératures chinoises, 3e année, D2iA, La Rochelle Université 

Thèse : Bi Xiushao, un anarchiste chinois au temps des révolutions, une vie à traduire Émile Zola

 

18h15 CAO RUNSEN 

« Les TIC : une porte vers le monde étranger » 

Doctorant en Sciences de l’information et de la communication, 2e année, MICA (Médiations, Informations, Communications, Arts)

Thèse en cours : Grandir de ses expériences informationnelles : étude comparative entre lycéens en France et en Chine 

 

18h30 CORA HOPKINS 

« Position et propositions d’une chercheuse plurilingue »

Doctorante en Histoire de l’art contemporain, 1ère année, CRHA (Centre de recherches en histoire de l'art - F.-G. Pariset)

Thèse en cours : Voies/x d’émancipation : carrières de peintres roumaines dans la première moitié du XXe siècle

18h45-19h30 DISCUSSION

 

EN SAVOIR PLUS SUR LES INTERVENTIONS

Charlotte Carayol « La part de l’étranger » dans le cabaret ‘judéo-politique’ d’Oscar Teller (Vienne, New York et Tel Aviv, 1927-1982)"

Mon travail de thèse porte sur les différents cabarets sionistes de l’Autrichien Oscar Teller, de ses débuts à Vienne dans l’entre-deux-guerres à la publication de son anthologie du « cabaret judéo-politique » au début des années 19801 alors qu’il vit en Israël, en passant par ses cabarets d’exil à New York. À travers les spectacles de Teller, je cherche à comprendre les dynamiques culturelles et politiques des juifs germanophones originaires d’Autriche, en particulier du camp sioniste révisionniste, pendant le court XXe siècle. 

Ce sujet est transdisciplinaire, au croisement des études germaniques et des études en arts du spectacle, mais il touche également aux études juives, américaines, à l’histoire culturelle, politique et médiatique. Ce foisonnement épistémologique (dans lequel il convient de ne pas se noyer) oblige et offre à la chercheuse la liberté de forger une méthodologie rigoureuse propre à son objet d’étude. Je présenterai donc la méthode que j’emploie dans mes recherches avant d’explorer les grands enjeux de mon sujet à l’aide de la notion de « la part de l’étranger ».

[1] Oscar Teller, Davids Witz-Schleuder. Jüdisch-politisches Cabaret. 50 Jahre Kleinkunstbühne in Wien, Berlin, London, New York, Warschau und Tel Aviv, 1982 (2e édition).

 

Marilou Achard « L’étranger comme ressource : traduire et négocier l’orthodoxie russe en France »

Les églises orthodoxes russes en France ont longtemps été comprises comme des institutions étrangères, fragments d’« ailleurs» sur le territoire national. Cette lecture repose sur un modèle de correspondance entre identité nationale et religieuse en Europe centrale et orientale (Giordan et Zrinščak, 2020). Elle prolonge également une analyse classique de la religion en contexte migratoire où les lieux de culte sont pensés comme autant de seuils d’une enclave étrangère dans la société d’accueil (McLoughlin, 2013).

Cette opposition est pourtant mise en défaut par le fonctionnement des paroisses orthodoxes en France. Le français y est mobilisé à des degrés divers et la composition des assemblées ou des fidèles témoigne d’une forte hétérogénéité. Le développement d’un culte en français, plus ou moins affirmé selon les églises, illustre un processus de négociation permanente avec l’altérité. La confrontation à l’étranger devient un ressort de création et d’innovation – vernacularisations musicales et iconographiques, offices multilingues ou dispositifs d’hospitalité (Ricœur, 2004). On voit ainsi apparaître la portée heuristique de l’étranger lorsqu’il est pensé comme une position relationnelle, en contraste avec une conception essentialiste fondée sur l’identité nationale. L'étranger renvoie à une place variable dans le jeu des relations paroissiales, dont la définition change selon les expériences et les points de vue des fidèles. Ces multiples décalages imposent à la communauté d’interroger et d’expliciter sa propre tradition.

Notre présentation s’appuiera sur un travail de terrain réalisé dans plusieurs paroisses orthodoxes en France pendant un an, en prenant pour étude de cas l’adaptation des chants liturgiques du slavon d’Église vers le français. L’analyse mobilisera une approche constructiviste et relationnelle des catégories de groupe ou de diaspora (Barth, 1969 ; Brubaker, 2002). 

Elle s’inscrira dans le prolongement des travaux consacrés aux liens entre orthodoxie et mondialisation (Rousselet, 2020), ainsi qu’aux processus de vernacularisation et d’indigénisation religieuse (Hämmerli, 2011 ; Roudometof, 2015).

Bibliographie

Barth, Fredrik. 1969. Ethnic Groups and Boundaries: The Social Organization of Culture Difference. Boston: Little Brown & Co.

Brubaker, Rogers. 2002. « Ethnicity without groups ». European Journal of Sociology / Archives Européennes de Sociologie / Europäisches Archiv für Soziologie 43 (2): 163‑89. https://www.jstor.org/stable/23999234.

Giordan, Giuseppe, et Siniša Zrinščak,éd. 2020. Global Eastern Orthodoxy: Politics, Religion, and Human Rights. Cham: Springer International Publishing. https://doi.org/10.1007/978-3-030-28687-3.

Hämmerli, Maria. 2011. « Multiple Dimensions of the Integration Processof Eastern Orthodox Communities in Switzerland / Les dimensions plurielles de l’intégration des communautés orthodoxes en Suisse ». Final research report. Neuchâtel: Université de Neuchâtel, Institut de sociologie.

McLoughlin, Seán. 2013. « Religion, Religions, and Diaspora ». In A Companion to Diaspora and Transnationalism, 125‑38. John Wiley & Sons, Ltd. https://doi.org/10.1002/9781118320792.ch7.

Ricœur, Paul. 2004.Sur la traduction. Bayard.

Roudometof, Victor. 2015. « Orthodox Christianity as a Transnational Religion: Theoretical, Historical and Comparative Considerations ». Religion, State and Society 43 (3): 211‑27. https://doi.org/10.1080/09637494.2015.1092230.

Rousselet, Kathy. 2020. « The Russian Orthodox Church and the Global World ». In Global Eastern Orthodoxy: Politics,Religion, and Human Rights, édité par GiuseppeGiordan et Siniša Zrinščak, 41‑57. Cham: Springer International Publishing. https://doi.org/10.1007/978-3-030-28687-3_3.

 

Nathalie Watteble « Bi Xiushao, traducteur chinois, révolutionnaire et anarchiste, d’Émile Zola »

Mon sujet de thèse concerne Bi Xiushao 毕 修勺 , le traducteur chinois d'Émile Zola. Une thématique littéraire mais également historique et politique puisque Bi Xiushao était un révolutionnaire anarchiste au début du XXe siècle. Il a donc également traduit Élisée Reclus, Pierre Kropotkine, Bakounine, Malatesta, Simmel... et il a aussi participé à la traduction chinoise de L'Internationale ( Guoji ge 国际歌).

 

Cao Runsen « Les TIC : une porte vers le monde étranger » 

Ma recherche aborde les expériences informationnelles des lycéens à l’ère du numérique dans une perspective anthropologique. À partir d’une enquête de terrain qualitative et longitudinale, menée auprès de lycéens issus de 6 établissements en France et en Chine, je conduis une étude comparative entre des contextes sociaux hétérogènes afin de mieux comprendre et décrire les expériences adolescentes dans la société contemporaine, largement médiées par les technologies d’information et de communication (désormais TIC).

Les TIC constituent, pour les adolescents, une porte d’accès privilégiée vers un univers de signes qui se superpose et s’entrelace avec le monde réel. À travers elles, les jeunes sont confrontés à d’autres langues, d’autres régions, d’autres personnes et d’autres domaines de savoir ou de pratique. Les TIC ouvrent ainsi un espace hybride, à la fois virtuel et ancré dans le quotidien, où l’étrangeté se manifeste sous forme de signes à déchiffrer, d’expériences à interpréter et de réalités multiples à mettre en relation.

Quelles sont les représentations et les imaginations de l’Occident (西方) par les lycéens chinois ? D’où viennent ces dernières ? Et comment celles-ci participent à l’identification des adolescents chinois ? L’exemple de quelques termes, employés à plusieurs reprise par des élèves chinois enquetés, tels que 自由(liberté),中式教育(éducation à la chinoise), montre comment la part de l’étranger, interprétée comme modèle de société et manière de vivre venant des sociétés occidentales, pourrait-elle jouer le rôle de référence dans la construction d’identité des jeunes chinois. 

En ce qui concerne ma position de chercheur, la France comme la Chine représentent toutes deux une part de l’étranger pour moi. Mon identité située entre ces deux pays fait que leurs sociétés me paraissent à la fois étrangères et familières. Cela m’oriente d’emblée vers une approche comparative, non pas pour mieux comprendre un pays à partir des contrastes avec l’autre, mais pour étudier un sujet qui traverse les limites culturelles tout en se manifestant de manière différente selon les contextes sociaux : l’adolescence en tant que condition sociale de vie et trajectoire biographique particulière, fruit de la contemporanéité et de la mondialisation.

 

Cora Hopkins « Position et propositions d’une chercheuse plurilingue »

Ma thèse, intitulée Voies/x d’émancipation : carrières de peintres roumaines dans la première moitié du XXe siècle, s’intéresse à un corpus de cinq artistes roumaines (Cecilia Cuțescu-Storck, Elena Popea, Nina Arbore, Olga Greceanu et Lucia Dem. Bălăcescu). Elle entend étudier et interroger les stratégies qu’elles ont adoptées pour s’imposer et se maintenir dans le champ artistique, en Roumanie et à l’étranger, et ce en lien avec leur volonté d’émancipation. Conjointement, il s’agit d’analyser les processus de reconnaissance et de d’invisibilisation dans les récits de l’histoire de l’art, de la Roumanie communiste à nos, en France comme à l’international. 

Du fait du sujet et de son cadrage théorique, mon espace de recherche est éminemment plurilingue. En effet, la lecture de l’histoire de l’art au prisme du genre appelle à mobiliser un appareil critique et un vocabulaire provenant des milieux universitaires britannique et étatsunien, l’ancrage géographique du sujet implique l’exploitation de sources roumaines, et la langue de l’écriture est naturellement le français. À cela s’ajoute mon histoire personnelle, elle aussi plurilingue, étant anglophone native, francophone du fait de mon éducation, et apprenante en roumain. Ce contexte met en exergue le statut situé – géographiquement et linguistiquement – de la chercheuse, qui se trouve alors à une « frontière linguistique » où la langue n’est pas une barrière, mais plutôt un espace de passage d’un univers culturel et symbolique à un autre. 

Que permet alors l’espace plurilingue, voire interdisciplinaire, dans nos recherches ? Comment la part inévitable d’incompris, propre à l’exploitation de sources étrangères, permet-elle un regard décalé et nouveau sur ces mêmes sources ? Nous proposons de réfléchir aux angles morts et aux impensés que la pratique plurilingue de la recherche et le contact rugueux entre les langues permettent d’éclairer. 

 

 

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