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2024, DL 15 septembre. Colloque International "Poétiques de l'inquiétude" [UBM, 10-11 avril 2025]

Éric BENOIT

Date limite d’envoi des propositions de communication : 15 septembre 2024

      L’inquiétude a récemment reçu un statut de notion philosophique dans les travaux de certains philosophes : Jean-Luc Nancy à propos de Hegel (Hegel. L’inquiétude du négatif, Galilée, 2018), Sophie-Jan Arrien à propos du jeune Heidegger (L’inquiétude de la pensée, PUF, 2014), Michaël Foessel sur les inquiétudes du monde contemporain (Après la fin du monde. Critique de la raison apocalyptique, Seuil, 2013). L’inquiétude aurait pu trouver légitimement sa place dans le Dictionnaire Arts et émotions (dirigé par Carole Talon-Hugon et Alexandre Gefen), Colin, 2016. Des ouvrages d’Evelyne Grossman (L’angoisse de penser, Minuit, 2008 ; Éloge de l’hypersensible, Minuit, 2017) croisent cette question de l’inquiétude en certaines pages, notamment chez Beckett, Artaud, Duras. 

      Il s’agira ici d’approfondir l’étude de la productivité de l’inquiétude dans la modernité littéraire, en partant notamment de l’hypothèse selon laquelle la thématisation littéraire de l’inquiétude s’accompagne de formes littéraires de l’inquiétude, qu’il faudra repérer et analyser.

            Stefan Zweig, dans son autobiographie Le Monde d’hier, voyait en l’année 1914 la date de l’entrée du monde dans l’ère de l’inquiétude (« in der Unruhe der Welt »), mais notre travail parcourra la littérature depuis le milieu du XVIIIe siècle jusqu’à l’époque contemporaine, en s’étendant aux différentes aires linguistiques. L’inquiétude sera comprise par nous à la fois dans sa dimension objective (par exemple les instabilités historiques) et dans sa dimension subjective (l’émotion ressentie par les individus). La littérature est un discours privilégié d’expression et de manifestation de l’inquiétude, le discours où la négativité de l’inquiétude se renverse en force positive de création et d’invention formelle. Nous pourrons approfondir l’étude de la productivité littéraire de l’inquiétude à l’échelle des trois derniers siècles : par exemple (ce ne sont là que des pistes possibles) dans l’esthétique du XVIIIe siècle (voir le livre de Jean Deprun, La philosophie de l'inquiétudeen France au XVIIIe siècle, Vrin, 1979), dans l’écriture autobiographique de Rousseau, dans l’obsession du temps irréversible chez Baudelaire, dans la littérature fantastique, dans l’analyse de l’inquiétude par Proust (La Prisonnière), dans le problème de l’inquiétude chez Péguy (« l’homme, ce monstre d’inquiétude »), dans l’inquiétude spirituelle de Bernanos et Mauriac, dans l’œuvre de Kafka, dans le Livre de l’intranquillité de Pessoa (récemment retraduit en Livres de l’inquiétude), dans l’œuvre de Michaux, dans l’intérêt de Pascal Quignard pour la figure d’Albucius « l’inquiet » (inquietator), et jusque dans le bref ouvrage de Camille de Toledo qui se penche sur les inquiétudes individuelles et collectives du monde actuel (L’inquiétude d’être au monde, Verdier, 2012), inquiétudes qui n’ont cessé de s’amplifier au cours des dernières années (terrorisme, crise climatique, éco-anxiété, crise sanitaire, guerres, migrations…). Dans ce travail sur l’inquiétude en littérature, nous pourrons être ouverts aux apports des sciences cognitives et des neurosciences. Nous ne nous priverons pas non plus d’étendre la réflexion aux autres arts : musique, peinture, cinéma…

            La problématisation de l’inquiétude pourra passer par la question de l’imprévisible (qui implique aussi des enjeux épistémologiques) : du fait de la remise en question moderne du déterminisme rationaliste des Lumières, l’être humain est aujourd’hui affronté à une temporalité privée de repère et à un présent complexifié qui rendent impossible de modéliser l’avenir, de le prévoir et de le prévenir.

            Au-delà des caractérisations apparemment négatives de l’inquiétude, certains penseurs et écrivains ont pu voir dans l’inquiétude une valeur positive susceptible d’offrir des opportunités imprévues : c’est le cas avec la pensée du mouvant chez Bergson, ou avec la façon dont Bataille trouve dans l’absence de toute stabilité une libération extatique, ou encore avec la valorisation de l’impermanence et de la précarité des êtres chez Bonnefoy et Jaccottet.

         Les propositions (une dizaine de lignes précédées d’un titre et suivies d’un bref CV) devront être adressées avant le 15 septembre 2024 à :

 Eric.Benoit@u-bordeaux-montaigne.fr 

            En objet de votre message, veuillez indiquer « Colloque. Poétique de l’inquiétude ».

            Une réponse sera donnée avant le 15 novembre 2024.

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