Ce colloque prend pour point de départ la notion de « littératures du monde », dans les différentes acceptions qu’on lui connaît en France, ainsi que celle de « littérature mondiale », concept issu de la Weltliteratur et ayant évolué au fil des débats vers la World Literature. Les participants s’efforceront de cerner les contours de ces notions aux définitions mouvantes, et les logiques d’inclusion ou d’exclusion qu’elles présupposent. À quels modes de pensée celles-ci renvoient-elles et quels débats théoriques suscitent-elles ? On s’intéressera également à l’écho de ces discours dans les pratiques traductives et éditoriales des littératures étrangères présentées en France, qu’ils envisagent les choses sous le prisme du « nationalisme littéraire », du « mondialisme littéraire » voire d’une « internationalisation des littératures », et à leur remise en question par les tenants d’une approche « cosmopolite » de la littérature en général.
Dans la fabrique des « littératures du monde », les choix de traduction et les positionnements des traducteurs sont des paramètres non négligeables, sinon décisifs, dont la particularité est d’impliquer un jeu constant entre théorie et pratique. Entre les normes linguistico-littéraires du français et l’horizon d’attente du lectorat cible, quelle est la marge de manœuvre du sujet traduisant, et dans quelle mesure peut-il mettre en œuvre une poétique du traduire qui permette de dialoguer avec le « lointain » et d’accueillir « l’étrangeté » ou la « différence » des textes traduits en tant que part constituante de leur littérarité et de leur système de valeur ? Ou bien la problématique de la poéticité est-elle d’emblée reléguée au second plan ? Des questions que le colloque se propose d’explorer, autant par un bilan général de telle ou telle littérature traduite en France, que par l’étude de cas particuliers.
La dimension éditoriale, envisagée sous l’angle de l’histoire ou dans sa relation avec l’émergence du marché littéraire international, sera également prise en compte. Selon quels critères les éditeurs publient-ils telle ou telle littérature étrangère en France, voire fondent-ils une collection dédiée aux « littératures du monde », ou bien à l’une ou l’autre de ces littératures ? Quelles sont les particularités du travail éditorial en la matière ? Comment traducteurs et éditeurs interagissent-ils, et pour quel résultat ? Une attention particulière sera réservée aux stratégies éditoriales (conception de la couverture, paratextes, etc.) quand elles sont révélatrices de visions particulières sur les littératures du monde. On s’interrogera enfin sur le rôle que la critique joue dans la légitimation des littératures du monde, et sur sa contribution à leur visibilité.
Ce colloque s’inscrit à la fois dans le cadre des projets de recherche du CEREO et dans celui de l’axe de recherche « Traduction, cosmopolitisme et plurilinguisme » de l’unité de recherche Plurielles de l’Université Bordeaux Montaigne.
À tous et toutes les chercheurs et chercheuses de Plurielles, nous souhaitons une lumineuse année 2022 !Que le lancement de notre équipe rayonne de vos découvertes.Sans oublier de vous garder tous et
Journée d’études internationale interdisciplinaire, Université Bordeaux Montaigneorganisée par Marie-Lise Paoli et Géraldine Puccini« Qui ne dit mot consent » : dits et non-dits des dés