La climate fiction (cli fi) est aujourd’hui un sous genre bien implanté au sein de la science-fiction. Si les pionniers en sont des auteurs anglophones, le genre s’est rapidement diffusé en même temps que croissent, au sein de la société civile, les préoccupations environnementales. En Italie, les premières décennies du XXI° siècle ont été marquées par la publication de romans exprimant ces préoccupations sans pour autant s’inscrire pleinement dans la science-fiction : de nombreux auteurs, appartenant à la littérature main stream, se sont emparés du sujet et ont produit des œuvres originales, cherchant à explorer ce que serait le futur climatique de l’Italie, d’abord, de l’Europe et du monde entier, par extension. L’analyse de quelques œuvres particulièrement emblématiques (I bambini bonzai de Paolo Zanotti (2010), Qualcosa, là fuori de Bruno Arpaia (2016), Quando qui sarà tornato il mare. Storie dal clima che ci attende du collectif Moira Dal Sito (2020),…) permettra d’apporter des pistes de réponse aux questions suivantes : comment ces auteurs italiens imaginent-ils le changement climatique et ses répercussions tant au niveau environnemental que politique et social ? Quel rôle l’écrivain peut-il, doit-il jouer face à l’urgence climatique ? Quelles sont les stratégies littéraires mises en œuvre et les leviers que les écrivains veulent solliciter ? Si ces récits entrent dans la catégorie des éco-dystopies ou des romans post-apocalyptiques en évoquant la fin du (d’un) monde, s’attachent-ils également à imaginer un monde nouveau ou/et une autre façon de l’habiter ?
Delphine GACHET
Maître de conférences à l’Université Bordeaux Montaigne, titulaire d’un doctorat de littérature comparée sur la littérature fantastique française et italienne au XX° siècle. Spécialiste et traductrice de Dino Buzzati, responsable de l’Association des Amis de Dino Buzzati en France.
Outre l’œuvre de Buzzati, ses principaux champs de recherche universitaire concernent la littérature fantastique, l’écriture de la nouvelle, les questions de traduction/transmédialité, la bande dessinée.
Elle a codirigé un livre important sur Venise pour la collection Bouquins, chez Robert Laffont (2016, 1167 p.). Elle est également traductrice de littérature italienne contemporaine.
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Les « récits de crime organisé » en Italie et au Mexique font ressortir la spécificité des défis politiques et sociaux posés par l’expansion des mafias de ces pays. Comment ces représentations de la criminalité et de ses effets peuvent-elles rendre compte de la perte d’un monde abîmé par la violence ? Quelles interprétations offrent-elles de la prédation mafieuse, dont Guy Debord (Commentaires sur La Société du spectacle) affirme qu’elle incarne un stade avancé du capitalisme ? Les thèmes de l’hégémonie mafieuse, de l’engendrement de la violence sans fin et des ruines rendent compte d’un monde fragmenté, sans représentation politique et sans justice, allégorie d’une condition politique contemporaine que les auteurs scrutent avec inquiétude, tout en reflétant des préoccupations socio-historiques concrètes, spécifiques à leurs pays. La quête de sens peut cependant amener certains écrivains à tenter de « recomposer » des mondes possibles, à défaut de parvenir à le restaurer par la dénonciation ou l’interpellation citoyenne. Quelles « formes de vie » résistantes, communautaires ou infra-politiques, se construisent dans les enclaves scrutées par les auteurs ? Cette présentation abordera, parmi d’autres, Les Terres dévastées [Las Tierras arrasadas] (2018) d’Emiliano Monge, Les Travaux du Royaume [Trabajos del reino] (2004) et La Transmigration des corps [La Transmigración de los cuerpos] (2013) de Yuri Herrera, Gomorra (2006) de Roberto Saviano et La Contagion [Il Contagio] (2008) de Walter Siti.
Antoine DUCOUX
ATER en littérature comparée et littérature française à l’Université Bordeaux Montaigne. Titulaire d’un doctorat en littérature comparée sur les enjeux éthiques et politiques du récit de crime organisé en Italie et au Mexique au tournant du XXIème siècle. Ses recherches portent sur l’esthétique du roman policier et du roman noir, sur les représentations littéraires du crime organisé, ainsi que sur le renouvellement contemporain des modes de l’engagement littéraire dans l’aire romane.
Image tirée du film de Matteo Garrone, Gomorra, 2008
À tous et toutes les chercheurs et chercheuses de Plurielles, nous souhaitons une lumineuse année 2022 !Que le lancement de notre équipe rayonne de vos découvertes.Sans oublier de vous garder tous et
Journée d’études internationale interdisciplinaire, Université Bordeaux Montaigneorganisée par Marie-Lise Paoli et Géraldine Puccini« Qui ne dit mot consent » : dits et non-dits des dés