Plurielles-logo

2024, 5 décembre: Hommage à Dominique Deblaine

Yamna Chadli Abdelkader

Hommage à Dominique Deblaine

Nous avons la tristesse de vous faire part du décès de notre collègue Dominique Deblaine, maître de conférences à l'IUT de Bordeaux et membre de notre équipe interne CELFA.
Les obsèques auront lieu jeudi 5 décembre à 15h30 au cimetière de Cabanac, route du Sauternais, 33650 Cabanac.

Hommage à Dominique Deblaine

 

Maître de conférences, Dominique Deblaine était une enseignante et une chercheure accomplies. Depuis sa thèse réalisée sous la direction de Jack Corzani alors directeur du CELFA, Dominique Deblaine a beaucoup apporté, pendant plusieurs décennies, au Centre d’Etudes Linguistiques et Littéraires Francophones et Africaines, rattaché successivement à CLARE, puis à Plurielles. Elle avait développé une spécialité sur la littérature antillaise et caribéenne qui la rendait incontournable dans tous les colloques internationaux et les ouvrages collectifs de ce domaine. Refusant le fait qu’elles soient relayées à la périphérie, elle avait œuvré à faire reconnaître à leur juste valeur les littératures francophones, « tous ces imaginaires de la diversité qui fait humanité ».

Généreuse, partageuse et amoureuse de la vie, elle était de ces universitaires qui n’hésitent pas à donner de leur personne pour dynamiser le travail collectif, prenant des initiatives de méthodes, donnant l’exemple et faisant sa place à qui voulait œuvrer. Avec ses « ti-punchs » et « gâteaux coco », elle savait joindre l’utile à l’agréable, apporter convivialité et camaraderie au travail en réunion. Elle avait fait sien le mot « inclusion » avant qu’il soit de mode, célébrant la diversité, luttant pour la place de chacun, défendant sans relâche l’équité et le respect de toutes les différences. Elle encadrait avec entrain les doctorants jusqu’aux lendemains mêmes de leur soutenance. Elle était rigoureuse à la virgule près. Entière, intransigeante, la question de l’éthique en littérature a nourri l’un de ses derniers travaux. Le titre de son ouvrage La littérature caribéenne sous l'angle du rapport esthétique/éthique (PUB, 2020) en dit long sur ses conceptions littéraires. Femme de culture et de conviction, à la fois esthète et fine observatrice de la nature, elle alliait un sens aigu de la transmission à un engagement profond, incarnant avec éclat l’esprit d’une véritable citoyenne du monde.

Ces dernières années, si elle s’était faite plus discrète dans le domaine de la recherche universitaire, c’est qu’elle avait choisi de mettre au service d’un nouveau métier son sens aigu de l’observation, sa vision du monde, sa vénération des mots et son éloquence naturelle. Elle s’était davantage consacrée à sa vocation d’écrivaine. Tout a commencé avec l’écriture de nouvelles et ce récit poétique inspiré d’Aimé Césaire, Paroles d’une île vagabonde (Riveneuve, 2011), une véritable géopoétique de la Guadeloupe où elle exprimait tout son amour pour son pays d’origine. Ce livre, couronné par le prix Fetkann, « mémoire des pays du Sud, mémoire de l’humanité », reflète son ancrage dans ce terroir du cœur, bordé par la mer, qu’elle décrivait comme « ce fragment d’archipel où le temps s’éternise », son « île naufrage édénique ». Son œuvre reste profondément liée à cette terre, comme en témoignent ses romans La Rumeur des rives (2017, Riveneuve), une navigation intérieure et extérieure d’un être à la dérive, et Le Raconteur (2014, Riveneuve), qui explore la vie problématique d’une micro-société à travers un personnage insignifiant. Tout juste paru cette semaine, son dernier roman, 44 jours Kimafoutiésa (Traverse éditions), retrace l’histoire de la plus longue grève qu’ait connue la Guadeloupe, un conflit social sur la cherté de la vie, en écho aux tourments intérieurs de ses personnages.

Un si long et beau chemin, jalonné de rencontres humaines, de partages et d’accomplissements, que toutes celles et ceux qui l’entouraient, trouveront bien trop court. Mais son empreinte, indélébile et vivace, demeure et le cheminement se poursuit.

 

Yamna Chadli et Rafael Lucas
Bordeaux, le 3 décembre 2024

Lien vers le site officiel de Dominique Deblaine: https://www.dominique-deblaine.com/ 

Manifestations associée(s)

Hommage

A découvrir :

2022, 1er janvier : l'UR Plurielles voit le jour

À tous et toutes les chercheurs et chercheuses de Plurielles, nous souhaitons une lumineuse année 2022 !Que le lancement de notre équipe rayonne de vos découvertes.Sans oublier de vous garder tous et

Manifestations associée(s)

autres manifestations

2022, 4 avril : « Qui ne dit mot consent » : dits et non-dits des désirs féminins [Journée d'étude internationale]

Journée d’études internationale interdisciplinaire, Université Bordeaux Montaigneorganisée par Marie-Lise Paoli et Géraldine Puccini« Qui ne dit mot consent » : dits et non-dits des dés

Manifestations associée(s)

journée d’étude