Organisation : Isabelle Galichon et Kim Sang Ong-Van-Cung
Dans l’avant-propos de Politique de la littérature, Jacques Rancière précisait que, par cette expression, il n’entendait envisager ni les engagements des écrivains dans les luttes sociales et politiques de leur temps ni la manière dont ils représentent les structures sociales mouvements politiques ou identités diverses. Ce-faisant, il s’éloignait de la conception sartrienne de la littérature comme engagement. Il ne s’agit pas désormais d’envisager que la politique constitue ce « fond de luttes et d’affrontement à l’intérieur duquel, à partir du XIXe siècle, se développe la chose littéraire » (Benoit Denis, Littérature et engagement de Pascal à Sartre). Rancière s’éloigne aussi d’une conception marxiste à la Lukács, pour laquelle le roman moderne serait l’expression ou la représentation des contradictions de la société, et désormais des identités, dans les études culturelles. « Politique de la littérature » implique plutôt que la littérature fait de la politique en tant que littérature. « L’expression “politique de la littérature” suppose un lien spécifique entre la politique comme forme de la pratique collective et la littérature comme régime historiquement déterminé de l’art d’écrire ».
Dans ce colloque, nous voudrions expliciter les enjeux d’une politique de la littérature, telle que Rancière l’envisage, au travers du partage du sensible. Mais nous voulons, plus généralement, envisager la manière diverse dont les philosophes ont abordé la littérature à partir du champ politique, interrogeant les pratiques littéraires à partir de deux questions conjointement : « qu’est-ce que la littérature ? » ; « qu’est-ce que la politique ? ». Un énoncé tel que « c’est l’enjeu d’une littérature, d’une philosophie, peut-être d’une politique, de témoigner des différends en leur trouvant des idiomes » (Lyotard) nous intéresse aussi. Et l’articulation foucaldienne de la question est aussi au cœur de notre questionnement. En 1977, Michel Foucault, dans la « La vie des hommes infâmes », définissait dès le XVIIe siècle « une éthique immanente au discours littéraire de l’Occident (…) à débusquer la part la plus nocturne et la plus quotidienne de l’existence ». La littérature serait la production des légendes de l’ordinaire au croisement des pouvoirs disciplinaires et de la biopolitique.
La littérature a été envisagée autour de la question de la connaissance morale (Nussbaum, Cora Diamond), comme expression des dilemmes moraux. Avec la question de la politique de la littérature, on interroge la littérature comme connaissance, mais comme pratique au cœur de la possibilité même de la politique. Nous proposons d’interroger à nouveaux frais la pertinence de cette notion de politique(s) de la littérature en lui affectant une possibilité de pluriel et de décliner ainsi des politiques de la littérature avec Rancière, Lyotard, de Foucault ou de Deleuze.
Participants :
Jacques Rancière (Université Paris 8)
Alexandre Gefen (Sorbonne Université), « La politique des écrivains : une enquête »
Azucena Gonzales (Universidad de Granada)
Judith Revel (Nanterre Université)
Phillipe Sabot (Université de Lille
Marina Seretti (UBM, SPH)
Thomas Detcheverry (UBM, SPH)
Sylvia Kratochvil (UBM, SPH)
Alexandre Martin (Bordeaux)
Jean-Paul Engélibert, « Les politiques du récit chez Marie Cosnay et François Beaune ».
Marie de Gandt (UBM, Plurielles)
Fabienne Rihard-Diamond (UBM, Plurielles)
Isabelle Galichon (UBM, Plurielles)
Kim Sang Ong-Van-Cung (UBM, SPH)
À tous et toutes les chercheurs et chercheuses de Plurielles, nous souhaitons une lumineuse année 2022 !Que le lancement de notre équipe rayonne de vos découvertes.Sans oublier de vous garder tous et
Journée d’études internationale interdisciplinaire, Université Bordeaux Montaigneorganisée par Marie-Lise Paoli et Géraldine Puccini« Qui ne dit mot consent » : dits et non-dits des dés