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L’inter-œuvre

Le programme « l’inter-œuvre » s’adresse à des chercheurs spécialistes des questions d’intermédialité ou dont les recherches croisent ponctuellement ces questions.
Par le nom d’inter-œuvre on entend ici toutes les productions qui entourent les œuvres sans en faire partie, mais qui n’existeraient pas sans elles (le « paratexte » de Genette, mais en contexte intermédial). Discours promotionnel sur l’œuvre, séances de dédicaces, interviews, portraits de l’auteur, reportages sur sa création, articles critiques, pastiches, parodies, plagiats, adaptations (un roman au théâtre, au cinéma ou en bande- dessinée, mises en musique...) prolongent l’œuvre par différents moyens. Entrent aussi dans cet espace ambigu les textes inspirés par l’auteur sans être signés par lui (les articles de l’Evénement, le journal fondé par Victor Hugo en 1848 par exemple), les témoignages des contemporains, les paroles d’écrivains ou d’artistes rapportées, ainsi que le sort fait à l’œuvre hors de son média d’origine : citations plus ou moins décontextualisées, poésie dans le métro, florilèges, recueils d’adages ou d’exempla et, plus largement, légende entourant l’œuvre (son « image » dans la postérité : Montaigne au XVIIe siècle, Rabelais au XIXe siècle, etc.). Non seulement l’inter-œuvre concerne les productions autour de l’œuvre mais elle concerne aussi l’œuvre elle-même quand elle se veut le relai d’une autre œuvre ou de savoirs qu’elle cherche à transmettre. Dans tous les cas de figure se joue une forme de tension entre création et médiation, en particulier quand les deux fonctions cohabitent dans la même production ou la même performance. Une historicisation de la question devrait permettre de dire de quelle façon chaque époque a tracé la frontière entre créer et médiatiser, si c’est, par exemple, à l’intérieur d’une hiérarchie des genres ou à partir de coupures esthétiques plus fondamentales. À l’intersection de la poétique des œuvres et de la communication, le programme inter-œuvre interrogera pour finir la notion même d’œuvre, examinera sa dépendance à l’égard d’un certain environnement médiatique et pourra se demander quelles mutations ont entraîné les processus de reproductibilité technique (gravure, imprimerie, photographie, disque, etc.) ou, plus récemment la « transition numérique des médias » (Raphaël Baroni, Claus Gunti). Il cherchera ainsi à dessiner un champ de recherche encore en partie inexploré, tout en tentant de forger les outils critiques susceptibles d’en analyser les enjeux et d’en montrer l’originalité.

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