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2025, 17 avril : "Les espaces-fantômes dans les lieux soignants " [séminaire en collaboration avec l'Université de Montréal]

Isabelle Galichon

Ces présences invisibles : hantise & soin
Compagnonnage Thibault Marthouret – Chaire Médecine narrative – Hospitalité en santé
***
Des lieux et des fantômes
IMIC, le 17/04/2025
*
Paroles et histoires de fantômes
Hôpital Pellegrin, le 21/05/2025

Passé le pont, les fantômes vinrent à ma rencontre. C’est ce que nous avons fait cette année : nous avons passé le pont, et nous sommes tous encore ici, mais les fantômes, il s’en trouve toujours, ne nous sont pas hostiles. Il n’y a que les hommes de pouvoir et les hommes d’Eglise, les hommes habilités à jeter des ponts, pour penser que les fantômes sont des ennemis. (…) Nous vivons dans des ruines et avec des fantômes, des matières mortes, des matériaux vivants, des événements violents dont nous ne savons plus s’ils ont eu lieu ou non, et, restons pascaliens : nous ne sommes pas au présent ; mais si le présent est un lieu, où sommes-nous alors puisqu’il nous est impossible d’être partout comme d’être nulle part ? Nous sommes là où notre présence fait advenir le monde, nous sommes plein d’allant et de simples projets, nous sommes vivants, nous campons sur les rives et parlons aux fantômes, et quelque chose dans l’air, les histoires qu’on raconte, nous rend tout à la fois modestes et invincibles. Car notre besoin d’installer quelque part sur la terre ce que l’on a rêvé ne connaît pas de fin.  


C’est ce que nous avons fait cette année : nous avons passé le pont, et nous sommes tous encore ici, mais les fantômes, il s’en trouve toujours, ne nous sont pas hostiles. 
En enjambant le pont vers l’hôpital, Thibault Marthouret arpente ces territoires du soin et s’adresse à ceux qui le peuplent, à ceux qui y travaillent. L’hôpital, ce lieu du présent, qui convoque les soignants, qui exige une présence, résiste aux fantômes.

 

Cette réflexion se découpera en deux temps
- Une première rencontre lors du séminaire de recherche-création annuel en collaboration avec l’université de Montréal  aura lieu le 17 avril à l’Institut de Médecine Intégrative et Complémentaire (ancien Pavillon V). Elle portera sur les espaces-fantômes dans les lieux soignants (lieux-Care). Alexis Cazeaux définit les lieux fantômes comme 
un lieu qui, du point de vue de celui qui le regarde possède un fonctionnement qui n’est pas ou n’est plus défini par la société dans laquelle il se situe. Cet état de fait lui confère une présence, une aura, qui le hisse au statut « d’objet vivant ». S’il n’est pas utilisé par la société, alors son existence n’est plus conditionnée par cette dernière, il devient ainsi un artefact, représentant d’une culture étrangère, et il agit directement sur celui qui le découvre  
A partir de cette première définition, on pourra explorer les espaces-fantômes que crée l’hôpital, dans la perspective de la recherche-création. 
Quelle est alors la fonction de ces espaces ? Sont-ce des espaces transitionnels ? Des espaces de transition comme le sont les couloirs en institution psychiatrique et dont on sait l’importance ? Une hétérotopie est-elle un espace qui tolère davantage les fantômes et se laisse ainsi hanter au point de modifier l’usage du lieu ? Que penser des blocs opératoires dont la dimension fonctionnelle semble prohiber toute hantise ? Mais le patient et son esprit sont-ils là ? Ne sont-ils pas déjà en train de hanter ces espaces qui échappent à la lumière du jour ? De même comment aborder ce séminaire dans un lieu hanté par le Pavillon V, ancien pavillon des hommes du temps du sanatorium ? 
Autant de lignes de fuites que déclinent les espaces-fantômes dans les lieux-soignants et nous irons les explorer à l’aune de nos pratiques de lecture et d’écriture, à l’écoute des arpenteurs que sont les artistes.
Avec la présence de Thibault Marthouret 


- Une deuxième rencontre se déroulera à l’Hôpital Pellegrin le 21 mai. On ira alors questionner ces histoires que Thibault Marthouret vient cueillir au CHU où soignants et fantômes se rencontrent, se racontent. 
Un fait est certain, le fantôme – sous toutes ses formes – est bien l’invention des vivants. Une invention, oui, dans le sens où elle doit objectiver, fût-ce sur le mode hallucinatoire, individuel ou collectif, la lacune qu’a créée en nous l’occultation d’une partie de la vie d’un objet aimé. Le fantôme est donc, aussi, un fait métapsychologique. C’est dire que ce ne sont pas les trépassés qui viennent hanter, mais les lacunes laissées en nous par les secrets des autres .
Plus que les fantômes ce sont les inventions, les histoires qui se tissent entre les soignants, l’événement passé et le lieu-soignant qui nous intéressent ici. Quelle trace laissent les fantômes : dans ces lieux, dans ces parcours de soin, dans l’histoire de vie ? Si Hélène Cixous se considère elle-même comme un fantôme parmi ses fantômes, quelle place accordons-nous à nos inventions, à nos fantômes, en contexte de soin ?
Ces hantises s’ancrent dans ce qu’Hélène Cixous nomme les excès de la réalité, c’est-à-dire les injustices et les violences historiques et contemporaines . Quels excès, quelles violences ou injustices nous racontent ces fantômes ?

Nous élargirons le cercle de cet échange autour de Thibault Marthouret avec 
• Camille Laurens et Loïc Bourdeau, tout.e.s deux en résidence au CHU dans le cadre du programme Médecine narrative en pédiatrie
• Michèle Lévy-Soussan, médecin (Hotel-Dieu) et Mathieu Simonet (écrivain)
• Elena Groud, photographe 
• Lancelot Hamelin, écrivain


Nous sommes là où notre présence fait advenir le monde, nous sommes pleins d’allant et de simples projets, nous sommes vivants, nous campons sur les rives et parlons aux fantômes, et quelque chose dans l’air, les histoires qu’on raconte, nous rend tout à la fois modestes et invincibles.

Nous vous y attendons nombreux !
Inscriptions : isabelle.galichon@u-bordeaux.fr


Contexte – présentation du compagnonnage « Ces présences invisibles : Hantise & soin » avec Thibault Marthouret
Le projet « Ces présences invisibles : hantise et soin » s’inscrit dans le cadre des travaux menés par la Chaire Médecine narrative - Hospitalité en santé co-portée par le CHU de Bordeaux et l’université de Bordeaux et accompagnée par la Fondation Bordeaux Université. C’est une antenne de la Chaire de Philosophie à l’Hôpital du GHU Paris-Neurosciences (Cynthia Fleury). La chaire de Médecine narrative tisse des liens entre le monde de la santé et celui des arts, au sein des Humanités en santé : les artistes sont donc conviés à prendre part aussi bien à ses activités qu’à ses projets de recherches - ce fut le cas avec la résidence de l’écrivain Eduardo Berti en 2023 (FACTS-UB).

Le projet « Ces présences invisibles : hantise et soin » vise à explorer les liens étroits entre le soin et les thématiques liées aux fantômes et à la hantise. Il prolonge entre autres les travaux initiés par la chaire en collaboration avec l’université de Montréal (2022-2027) et avec Michèle Lévy-Soussan et Mathieu Simonet à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière sur l’acte de “soigner avec ses fantômes” (2022-2023).
Ce projet se déroulera au sein du Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Bordeaux où patients et patientes, soignants et soignantes vivent quotidiennement des expériences intenses, des “épreuves” selon Claire Marin, qui laissent parfois des traces indélébiles liées à l’absence, à la séparation, à la disparition. C’est auprès des personnels soignants et administratifs que l’écrivain Thibault Marthouret interviendra plus particulièrement.

Écriture et récit poétiques seront les moyens d'expression privilégiés. Dans une atmosphère bienveillante, au sein du CHU, chacun des 3 ateliers proposera une série d’activités qui permettront aux participants et participantes de découvrir des poèmes étroitement liés à la médecine narrative avec comme objectif de créer un espace d'expression et de réflexion pour les soignants/soignantes et personnels de santé à travers la découverte de textes et la pratique de l’écriture.

 

 

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