« Le déploiement du monde nécessite le rapport avec l’étranger »

Jacques Lolive et Olivier Soubeyran

« Cosmopolitiques : ouvrir la réflexion », 2007

Notre point de départ sera la réalité plurilingue du monde et la forme traductive que cette réalité impose au « rapport avec l’étranger ».

Deux écrivains étrangers l’un à l’autre, tous deux entomologistes et parfaitement conscients des écarts de langue entre les vivants, seront lus conjointement :  Vladimir Nabokov (1899-1977), écrivain américain né en Russie, et Pierre Bergounioux (écrivain français né en 1949). En des œuvres et des lieux singuliers, ils donnent à penser un comparable, une « cosmopolitique » : la nécessaire articulation de vies minuscules, diverses, et de l’immensité cosmique qui les embrasse ou concerne toutes.

La volonté de faire dialoguer ces deux artistes peut surprendre ; leur rencontre est attestée toutefois par la participation de Pierre Bergounioux au numéro des Cahiers de l’Herne consacré à Nabokov (à paraître en 2023). Les lire l’un dans la proximité de l’autre permet de réfléchir à l’inadéquation qu’ils ne cessent de souligner, entre un monde plurilingue et l’urgence à dire une crise en commun : d’où parler des mondes perdus ? du dérèglement climatique ? en quelle langue contribuer à l’éveil d’une conscience écologique ?

Isabelle Poulin, professeur de littérature comparée, est spécialiste de l’œuvre moitié-russe, moitié-américaine de Vladimir Nabokov, qui lui sert de creuset à une réflexion sur le commun, à travers l’étude de la mise en rapport des langues, des arts, des savoirs.