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2019: Sixième colloque du Réseau Discours d’Afrique[Colloque international]

Depuis les années soixante l’analyse du discours connaît un développement spectaculaire aussi bien par la variété de ses objets et des instruments utilisés que de celle de ses outils théoriques d’analyse. Elle embrasse aujourd’hui un domaine de recherche étendu, allant des conversations quotidiennes au discours politique et même littéraire. D’ailleurs, il s’agit plus d’un champ de recherche que d’une discipline en plein épanouissement.

Toutefois, on peut déplorer qu’à ce jour très peu de chercheurs s’intéressent à l’analyse de discours produits dans le contexte africain. Même en l’absence d’un recensement statistique fiable, on sait que les quelques travaux déjà réalisés sont plus l’œuvre de chercheurs indépendants mus par la satisfaction d’une curiosité personnelle que les résultats issus de programmes de recherche d’une équipe mobilisée autour d’objectifs clairement définis.

Autrement dit cela revient à admettre que la recherche, sur les discours africains (presse, orateurs politiques, littéraire, vie quotidienne) est encore timide, voire inexistante. Or l’art oratoire et l’éloquence sont prospères un peu partout en Afrique surtout si l’on tient compte du fait que les sociétés africaines, dans leur ensemble, sont à dominance orale.

Si l’on considère qu’en Afrique les proverbes, les maximes et les autres formes d’aphorismes sont aussi importants dans l’éloquence politique que dans les conversations quotidiennes, on peut également observer que la création romanesque d’écrivains africains repose essentiellement sur les genres narratifs et les genres non narratifs traditionnels qui servent de source d’inspiration. Autrement dit, la littérature, la poésie, le discours politique et les discours quotidiens se rejoignent pour former un vaste ensemble de discours sociaux auxquelles la parole africaine confère emphase et goût des sonorités. Ces artifices rhétoriques constituent à ne pas douter les caractéristiques essentielles de l’éloquence en Afrique.
Dans le but de promouvoir l’analyse de divers types de discours d’Afrique, le LASELDI propose la création, dans un premier temps, d’un réseau de recherche autour des productions discursives orales et écrites d’Afrique francophone en relation avec l’évolution politique des pays qui la composent. L’ouverture de ce chantier non encore exploré par une institution de recherche a pour objectif de focaliser l’attention sur des productions discursives dont l’étude apportera sans doute des résultats importants à la communauté scientifique. Outre le fait d’insuffler un élan et une dynamique par la nouveauté du champ de recherche en analyse du discours, l’étude de ces objets aidera à mieux appréhender l’évolution politique de la région et participera à une connaissance plus approfondie d’une société traditionnelle en pleine période de mutation.

En prenant comme repère historique la période des indépendances dans les années soixante et en s’acheminant vers l’ère de la démocratie actuelle, on peut identifier trois périodes d’évolution :

1. La période post-coloniale dominée par les pères des indépendances et le pouvoir hégémonique du parti unique,

2. Les dictatures militaires et les coups d’Etat qui les ont fait naître,

3. L’avènement du multipartisme et les guerres civiles qui l’ont accompagné.

Chaque période qui a marqué l’évolution politique de l’Afrique francophone se caractérise, sur le plan politique et littéraire, par une formation discursive correspondant au contexte social, politique et historique. Nos projets de recherche reposeront donc sur des objectifs clairement définis autour d’une problématique et des hypothèses adaptées au contexte politique et historique des zones francophones d’Afrique.

Le balisage du terrain de recherche par ce découpage tripartite peut s’avérer pertinent aussi bien sur le plan méthodologique que sur celui des résultats attendus. Car chaque période est dominée par des thèmes particuliers, des écrivains libres d’expression ou non, des orateurs politiques se réclamant du bloc progressiste (socialisme /communisme) ou du bloc capitaliste et des événements historiques majeurs.

Le champ d’étude ainsi défini n’implique pas seulement le discours politique, ni le discours littéraire singulièrement, ni d’autres pratiques discursives ayant trait à l’orature, il englobe la pluralité des discours dans leur confrontation au cours d’interactions sociales. Le résultat des travaux de recherche devrait faire affleurer les spécificités discursives des voix anonymes d’une culture et de ses représentations, de façon à saisir à la fois la dimension sociale, idéologique et argumentative des discours de l’espace francophone d’Afrique.

C’est dans cette perspective que l’équipe du LASELDI se propose de développer un pôle de recherche en constituant un réseau, en organisant des manifestations scientifiques, en mobilisant le support éditorial d’une publication régulière dans une collection des Presses universitaires de Franche-Comté.

Une première rencontre est programmée sous forme de table ronde au mois de novembre 2005. Les discussions de cette table ronde viseront à dégager les objectifs et les priorités, à baliser le terrain, à cerner les problèmes et à affiner la méthode d’approche des discours, à définir et à adopter une méthode de travail pour la mise en route rapide de la recherche en établissant un calendrier.

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