Au Moyen Âge, l’importance du texte sacré est liée au caractère divin du langage, en particulier lorsqu’il s’agit des Saintes Écritures, c’est-à-dire la Bible. Du « logos sacré » découle la « Divine harmonie », principe de base de la musique médiévale. La prévalence du texte, en musique, se réalise par la nécessité que le texte reste toujours très compréhensible, ce qui occasionne un recours à la psalmodie. C’est sur cette base qu’est conçu le plain-chant, un des principaux éléments du rite romano-franc (ou « rite grégorien »). Ce rite, souhaité par le pape Grégoire Ier, est promu par Clovis ; mais il faudra attendre trois siècles pour qu’il se diffuse dans tout l’Occident, et qu’il remplace les rites locaux.
Néanmoins, le chant s’est progressivement libéré de la contrainte liturgique. D’une part de nouveaux textes ont progressivement investi la musique sacrée, tels que des gloses des textes bibliques et des poèmes. Ce processus a globalement toujours été réalisé de la même façon : d’abord, des mélismes sont ajoutés à la psalmodie ; ensuite, un besoin de trouver un support textuel pour les mémoriser s’est fait sentir ; alors, un nouveau texte, parfois composé pour l’occasion, est inséré sous les mélismes ; enfin, le texte et les mélismes sont détachés de l’œuvre originale et deviennent autonomes. C’est ce processus qui a donné naissance à trois genres musicaux : le trope, l’antienne et la séquence. D’autre part les techniques musicales se sont enrichies, parfois au détriment de la compréhensibilité du texte.
Nous chercherons dans un premier temps d’où provient le texte des différents genres de la musique sacrée occidentale médiévale, en travaillant tout d’abord sur les antiennes, les tropes et les séquences.
Nous analyserons ensuite comment ce texte est mis en musique.
Nous chercherons, pour chaque genre, si les pièces qui en relèvent entrent dans un cadre liturgique, para-liturgique ou extra-liturgique, et dans quelles conditions elles sont utilisées.
Nous tenterons aussi de mettre en avant des connexions entre ces chants sacrés et la musique profane.
Enfin, nous nous demanderons si ces genres musicaux ont subi des évolutions au cours du Moyen Âge et s’ils ont fait l’objet de controverses.